Oh Barbara… (4): “Mes insomnies” – Troostliedje voor de slapelozen

Oh Barbara… (4): “Mes insomnies” – Troostliedje voor de slapelozen 150 150 Bart Van Loo

A voir tant de gens qui dorment et s’ndorment à la nuit,/
Je finirai, c’est fatal, par pouvoir m’endormir aussi,/
A voir tant d’yeux qui se ferment, couchés dans leur lit,/
Je finirai par comprendre qu’il faut que je m’endorme aussi,/

J’en ai connu de grands, des beaux, des bien bâtis, des gentils,/
Qui venaient pour me bercer et combattre mes insomnies,/
Mais au matin, je les retrouvais, endormis dans mon lit,/
Pendant que je veillais seule, en combattant mes insomnies,

A force de compter les moutons qui sautent dans mon lit,/
J’ai un immense troupeau qui se promène dans mes nuits,/
Qu’ils aillent brouter ailleurs, par exemple, dans vos prairies,/
Labourage et patûrage ne sont pas mes travaux de nuit,/

Sans compter les absents qui me reviennent dans mes nuits,/
J’ai quelquefois des vivants qui me donnent des insomnies,/
Et je gravis mon calvaire, sur les escaliers de la nuit,/
J’ai déjà connu l’enfer, connaitrais-je le paradis?/

Le paradis, ce serait, pour moi, de m’endormir la nuit,/
Mais je rêve que je rêve qu’on a tué mes insomnies,/
Et que pâles, en robe blanche, on les a couchées dans un lit,/
A tant rêver que j’en rêve, les voilà mes insomnies,/

Je rode comme les chats, je glisse comme les souris,/
Et Dieu, lui-même, ne sait pas ce que je peux faire de mes nuits,/

Mourir ou s’endormir, ce n’est pas du tout la même chose,/
Pourtant c’st pareillement se coucher les paupières closes/
Une longue nuit, où je les avais tous deux confondus,/
Peu s’en fallut, au matin, que je ne me reveille plus,/

Mais au ciel de mon lit, y avait les pompiers de Paris,/
Au pied de mon lit, les adjudants de la gendarmerie,/
O Messieurs dites-moi, ce que vous faites là, je vous prie,/
Madame, nous sommes là pour veiller sur vos insomnies,/

En un cortège chagrin, viennent mes parents, mes amis,/
Gravement, au nom du Père du Fils et puis du Saint-Esprit,/
Si après l’heure, c’est plus l’heure, avant, ce ne l’est pas non plus,/
Ce n’est pas l’heure en tout cas, mais grand merci d’être venus,/

Je les vois déjà rire de leurs fines plaisanteries,/
Ceux qui prétendent connaitre un remède à mes insomnies/
Un médecin pour mes nuits, j’y avais pensé moi aussi,/
C’est contre lui que je couche mes plus belles insomnies,/

A voir tant de gens qui dorment et s’endorment à la nuit,/
J’aurais fini, c’est fatal, par pouvoir m’endormir aussi,/
Mais, si s’endormir c’est mourir, ah laissez-moi mes insomnies,/
J’aime mieux vivre en enfer que dormir en paradis,/
Si s’endormir c’est mourir, ah laissez-moi mes insomnies,/
J’aime mieux vivre en enfer que mourir en paradis/