Het spel van de Franse spelling

Het spel van de Franse spelling 150 150 Bart Van Loo
Hier in de lift in Montréal gaat het spel van de Franse spelling duchtig zijn gang. Het valt niet bij te houden. Toch een poging. Twee pictuurtjes van een aankondiging van een pretentieloze juwelenverkoop. In alle vriendschap hoor, want zelden heb ik zo’n vrolijk en sympathiek liftvolk gekend. Om de kleine emoties door te spelen, serveer ik Les bijoux van Baudelaire, hier gezongen door Yves Montand. Ik geef toe: dat is een geheel ander register.  Maar alle redenen zijn goed om Baudelaire van stal te halen, zeker als Montand de stalmeester speelt. Het hoeft niet altijd La Castafiore zijn wanneer er juwelen in het spel zijn…

La très chère était nue, et, connaissant mon coeur,
Elle n’avait gardé que ses bijoux sonores (…)
Et son ventre et ses seins, ces grappes de ma vigne,
S’avançaient, plus câlins que les Anges du mal,
Pour troubler le repos où mon âme était mise.
Ochtend                                                                                                            Avond



Les Bijoux


La très chère était nue, et, connaissant mon coeur,
Elle n’avait gardé que ses bijoux sonores,
Dont le riche attirail lui donnait l’air vainqueur
Qu’ont dans leurs jours heureux les esclaves des Mores.


Quand il jette en dansant son bruit vif et moqueur,
Ce monde rayonnant de métal et de pierre
Me ravit en extase, et j’aime à la fureur
Les choses où le son se mêle à la lumière.


Elle était donc couchée et se laissait aimer,
Et du haut du divan elle souriait d’aise
À mon amour profond et doux comme la mer,
Qui vers elle montait comme vers sa falaise.


Les yeux fixés sur moi, comme un tigre dompté,
D’un air vague et rêveur elle essayait des poses,
Et la candeur unie à la lubricité
Donnait un charme neuf à ses métamorphoses;


Et son bras et sa jambe, et sa cuisse et ses reins,
Polis comme de l’huile, onduleux comme un cygne,
Passaient devant mes yeux clairvoyants et sereins;
Et son ventre et ses seins, ces grappes de ma vigne,


S’avançaient, plus câlins que les Anges du mal,
Pour troubler le repos où mon âme était mise,
Et pour la déranger du rocher de cristal
Où, calme et solitaire, elle s’était assise.


Je croyais voir unis par un nouveau dessin
Les hanches de l’Antiope au buste d’un imberbe,
Tant sa taille faisait ressortir son bassin.
Sur ce teint fauve et brun, le fard était superbe!


— Et la lampe s’étant résignée à mourir,
Comme le foyer seul illuminait la chambre
Chaque fois qu’il poussait un flamboyant soupir,
Il inondait de sang cette peau couleur d’ambre!



Charles Baudelaire