‘De Bourgondiërs’ in LE SOIR

‘De Bourgondiërs’ in LE SOIR 499 613 Bart Van Loo

DE BOURGONDIËRS in LE SOIR – Een heel mooi stuk van de hand van Béatrice Delvaux, ex-hoofdredactrice en nu “éditorialiste en chef”. Het wedervaren van mijn boek prikkelt stilaan ook de andere kant van de taalgrens. Tja, het verhaal van “De Bourgondiërs” belangt de Walen natuurlijk net zo goed aan als ons. Hieronder het hele stuk ‘en vrac’, de krantenliefhebber vindt hier de pdf: https://bit.ly/2JrSxtv.

Et voilà un livre qui s’est vendu à 50.000 exemplaires en un mois de temps (sic: deux mois) et est d’ores et déjà assuré d’une traduction en allemand et en anglais. Et voilà un auteur qui remplissait ce lundi une salle de 400 personnes à Strombeek-Bever, comme chaque jour de la semaine depuis un mois. Et voilà un travail décliné en podcasts d’une heure et demie sur Radio Klara et qui devrait faire l’objet de représentations en 2020 à la KBR, la Bibliothèque royale de Belgique.

La raison de cet engouement ? De Bourgondiërs, le dernier opus de l’auteur Bart Van Loo qui a déjà enthousiasmé Flamands et Néerlandais par sa capacité à faire vivre son Napoléon et son Histoire chantée de la France. Il a travaillé pendant quatre ans à ce nouvel ouvrage de 600 pages, plongé dans les livres, dialogué avec les médiévistes pour se consacrer finalement à l’écriture avec, aux pieds, des baskets neuves sur lesquelles il a fait inscrire « Philippe le Hardi ». Un accoutrement qui n’était pas qu’une coquetterie mais un rappel du pourquoi de ce plongeon bourguignon: « J’ai longtemps regardé vers la France, un pays pour lequel j’éprouve un amour infini. Mais soudain, je me suis interrogé sur mes racines, et je me suis littéralement mis dans les pas de nos pères fondateurs. »

« On pense toujours que notre histoire nationale remonte à 1585 et à l’éclatement des “Lage landen”. On se souvient alors de la chute d’Anvers et de l’émergence des Pays-Bas, avec le rôle joué par Guillaume d’Orange considéré comme notre père fondateur. Or, c’est faux, notre
histoire ne commence pas là », explique Bart Van Loo. « Notre vrai “point zéro” se trouve bien avant, avec la réunion en une seule entité de duchés et comtés féodaux qui appartenaient soit au Royaume de France ou au Saint Empire Germanique et qui formèrent bientôt une entité entre les deux grandes puissances : les Pays-Bas au sens historique du terme – les Pays-Bas actuels -, la Belgique et le Nord de la France. Les ducs de Bourgogne, Philippe le Hardi, Jean sans Peur, Philippe le Bon ont joué un rôle prédominant dans ce processus et s’érigent en fait comme les fondateurs des Pays-Bas réunis. Ces événements ne constituent pas seulement le récit fondateur oublié des Pays-Bas et de la Belgique, ils sont, par l’implication des grandes puissances de l’époque, des éléments primordiaux de l’histoire européenne. Nos Pays-Bas sont une invention bourguignonne et un point névralgique de l’Europe médiévale ».

Si le livre de Bart Van Loo touche le spectateur, c’est par le recours au style, à l’humour, à l’anecdote et à la plongée dans la grande et la petite histoire. On sait tout de ces tournois et de ces banquets qui ont fait gagner ses galons de jouisseur à l’adjectif « bourguignon » et que Van Loo présente comme les instruments de propagande de Ducs batailleurs et conquérants. C’est aussi letrait que l’auteur tire entre ce passé et
notre présent qui se révèle et intrigue. Van Loo montre ainsi l’unification d’un « pays », usant d’un euro avant la lettre, élaborant une grande réforme publique avec la création des Chambres du conseil et de concepts tels que la cassation, le procureur et l’avocat. Le livre montre aussi comment les Bourguignons firent de l’art leur ambassadeur, avec des oeuvres créées à Dijon, à Bruges et Gand par des artisans venus de Termonde, Ypres, Haarlem ou Nimègue.« Alors que les Ducs unifiaient leur territoire à coup de champs de bataille, de mariages et de réformes, naissaient sous leur protection, les oeuvres inoubliables de Jan Van Eyck, Rogier Van der Weyden ou Hugo van der Goes. »

La littérature ? Elle est aussi bourguignonne : « Les Ducs obligeaient ceux qui leur rendaient visite à raconter les blagues les plus grossières. Et voilà qui donne le premier recueil de nouvelles (érotiques) en français, publié sous le nom de Cent nouvelles nouvelles et dictées
à Bruxelles, à l’endroit même où aujourd’hui Philippe et Mathilde font des réussites. »

C’est cela aussi Bart Van Loo, le mélange entre la maîtrise d’un sujet historique dans ses moindres détails, l’écriture d’un livre et sa présentation sur scène, digne d’un incomparable conteur. « Je veux faire de l’histoire qui parle aux gens », nous dit cet amoureux de Brel et d’Aznavour. « D’où venons-nous ? C’est de cette question qu’est né le livre. Je propose au lecteur le voyage vers ses origines par un récit qui lui fait revivre au gré des chapitres, un millénaire oublié, puis un siècle bourguignon, une décennie fatale, une année décisive (1482), un jour à ne pas oublier (20 octobre 1496), et in fine, le dernier des Bourguignons : Charles Quint. »

Des leçons à tirer de nos ancêtres les Bourguignons ? « Nous vivons à nouveau des temps identitaires. On ne cesse d’évoquer “notre” langue, “notre” pays” , “notre” histoire, “nos”valeurs. Je trouvais très important qu’une personne, sans aucune idéologie, s’empare de l’histoire pour y chercher le moment ou nous sommes devenus ce que nous sommes, Néerlandais, Belges, Flamands ou Wallons. Si notre identité collective existe, elle vient de l’époque bourguignonne et est tout sauf monolithique. »

Bientôt la version française ? Bart Van Loo en rêve, d’autant, dit-il, que « cet angle d’attaque bourguignon ne permet pas seulement de redécouvrir notre histoire mais aussi l’histoire de France : la guerre de Cent ans, Jeanne d’Arc, Bourguignons et Armagnacs.., une sorte de
Game of Thrones médiéval, européen et documenté. D’ailleurs dans un mail, il nous rappelle : « Ce livre, je l’ai aussi écrit pour mon épouse qui est bourguignonne, lettrée mais ne savait rien de cette histoire. » Le succès ? Il l’étonne mais le ravit : « Les gens veulent apprendre, qu’on se le dise ». ■